Les Eternels
J’ai ouvert la fenêtre et suis monté sur le rebord. Je contemple la foule tout en bas. Finissons-en. La vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Une dernière pensée pour The Rise of Medral-Nok… A la une, à la deux à la…
- Attends !
- Qui… qui parle ainsi ?
- C’est moi, l’Archange Metal-tron. Je t’apporte une bonne nouvelle. Ne saute pas.
- Une bonne nouvelle ? Virgin Black a sorti Pianissimo ?
- Non mec, faut pas pousser non plus… Mais ne saute pas ! The Uprising of Namwell est une tuerie !
- Une… tuerie ?
- Oui.
- Les extraits d’albums ne vous parviennent pas, là haut ? T’as écouté "The Dark Host" ? C’est tout simple, tout basique, y a pas même un chtit peu de tsoin-tsoin de rien du tout...
- Aie confiance. Écoute l’album.
Ah, les Archanges, ils sont costauds ! Le lendemain, comme par magie, arrive le promo et force est de constater que Metal-tron ne raconte pas de conneries. Et pourtant, j'ai mis la barre TRES haut, puisque The Rise of Medral-Nok est simplement le meilleur album de black-death sympho/ de black-death/ de metal sympho de tous les temps, figurant en bonne place de mon Top 20 of all time. Même si je ne m’explique toujours pas le choix de "The Dark Host" comme premier extrait de cette bombe, je dois me rendre à l’évidence : remis dans le contexte d’une première partie sobre comme jamais, le titre le moins clinquant composé par le groupe y trouve sa place. Il faut dire que le troisième chapitre de la Trilogie se veut déroutant et le moins qu’on puisse dire, c'est que l'objectif a été atteint ! Le but est clair : plonger l’auditeur dans un océan de ténèbres lors d’une petite première moitié extrêmement dark et mélancolique eu égard aux compositions habituelles du groupe, avant de l’agripper par le col, et le faire tourbillonner, au son de mélodies pas toutes franchement attendues ici. Après une discrète et intrigante introduction, "Nightly Visions" riffe comme on pouvait s’y attendre, mais distille - par le biais de ce qui me semble être un accordéon… - une mélodie triste, façon "Another Shore" de Himinbjorg qui noue légèrement la gorge de l’auditeur. Première surprise, c’est pas la dernière. Vient ensuite "The Dark Host" donc, qui renforce le côte « profil bas » adopté par les facétieux artistes, avant que "The Gift" nous offre ce que le groupe a produit de plus sombre et nous rappelle également, comme avec "Lust for Death", que tous ceux qui se pâment (à tort ?) sur Septicflesh devraient vraiment écouter Lord Shades.
On pense donc que le troisième volet de la Trilogie sera un album âpre, faisant voyager l’imaginaire de l’auditeur dans un monde de cavernes, de diables et de charbon. C’est au milieu de "Woe to The (Vae Solis)" que l’on se rend compte que l’on fait fausse route. Les guitares se taisent et le groupe dévoile alors sa folle ambition : émouvoir le fan, et pas de n’importe quelle manière, l’idée est de lui titiller les glandes lacrymales à base de vocaux féminins lyriques et qui plus est, reprendre le flambeau jeté par terre il y a pas mal d’années par Therion. Émouvoir le fan, et le surprendre aussi. Avec, pourquoi pas, des mélodies tirées du registre d’Orphaned Land qui se transformeraient au fur et à mesure du morceau en un tourbillon klezmer. Sans renoncer aux riffs, orchestrations et vocaux rugueux, marque de fabrique de la maison Lord Shades. Casse-gueule ? Un peu mon neveu, mais c’est le risque à courir pour une clôture de la Trilogie digne de ce nom. Pari gagné ? Pas qu’un peu. Entre rire et larmes – le début de "A New Dawn", bordel… - le feu d’artifice que constitue la deuxième partie de l’album est tel que l’on se demande si on est bien réveillé. A ce titre, les dernières mesures de la Trilogie paraissent être celles de la fin d’une représentation. Ahurissant.
Tapi dans l’ombre, les créateurs de cette œuvre énorme, attendent que l’auditeur s’accommode des ténèbres de la première partie de The Uprising of Namwell pour l’entraîner dans une sorte de farandole d’émotions épiques et riffesques, la seconde moitié de l’album durant. Capable de tout faire, ce groupe est le meilleur dans son genre, point. Respect infini. Winter