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U-Zine

Lord Shades nous revient avec leur tout nouvel album intitulé The Rise of Meldral-Nok qui suit l’idée conceptuelle de son grand-frère The Downfall Of Fïre-Enmek. Avant de rentrer dans le vif du sujet et de voyager au sein de Lord Shades, faisons les présentations. Lord Shades est un groupe français qu’on pourrait qualifier de Black Death au premier abord avec quelques touches atmosphériques. L'identité propre de Lord Shades est celle de vous faire suivre une histoire, histoire que nous allons approfondir ici-bas. Leur premier album, chroniqué sur nos pages, jouissait déjà de nombreuses qualités mais n'avait pas encore toutes les vertus que présentent ce nouvel opus. Les nouveaux mixage et mastering chez Lasse Lammert du LSD-Ton Studio a apporté une profondeur au son du groupe ainsi qu’une véritable saveur professionnelle. Je n’en dirai pas moins de l’artwork qui est juste sublime. La version digipack que je tiens entre les mains signée Stan-W D est juste magnifique de la pochette jusqu’au livret. Maintenant que les choses « matérielles » ont été mises à la lumière, place au rêve.

Lord Shades, le groupe, a pris le pari de faire de ses albums une véritable et unique épopée. Vous suivez donc le seigneur des ombres, alias Lord Shades dont le corps et l’esprit ont été scindés par une étrange malédiction. Son esprit a été envoyé sur les terres sombres de Meldral-Nok alors que son corps est quant à lui devenu l’enveloppe d’un être maléfique qui a pris en joug la terre des Hommes : Fïre-Enmek. Lord Shades fera tout pour sauver sa terre natale tout en poursuivant sa quête initiatique principale : celle de récupérer son corps. C’est ici un résumé de l’histoire principale du premier album. Le nouvel opus de Lord Shades, The Rise of Meldral-Nok, nous conte la suite de ses aventures. Lord Shades essayera cette fois-ci de sauver les terres sacrées de Namwell sorte d’Asgard dans le folklore du groupe. Cette quête qui semblerait tout droit sortie d’un Seigneur des Anneaux a la particularité d’être la réflexion manichéenne d’un homme face à son destin. Son combat intérieur proche d’un Star Wars l’emmènera sur les pas de sa postérité... ou fatalité. A l’instar d’un Rhapsody ou d’un Turisas, cette histoire est racontée par un conteur qui diffusera son message ça et là comme n’importe-quel narrateur de film mais pas seulement. En effet, les paroles de toutes les musiques de Lord Shades continuent de décrire l’aventure de notre hôte. Le voyage est constant. Telle est la progression musicale.

Le Metal proposé par Lord Shades n’a intrinsèquement rien d’exceptionnel. Les musiciens jouent bien mais ne repoussent pas la technique dans ses retranchements. Décidément pas. La musique de Lord Shades brille par son talent de composition couplé aux moyens mis en œuvre. Certes vous aurez le droit à quelques passages à vous faire bouger la tête, le metal du groupe étant très « classique » seulement voilà, Lord Shades va plus loin. A l’instar du dernier Septic Flesh, le groupe n’aura pas hésité à faire appel à de nombreux musiciens afin d’appuyer toutes les ambiances du skeud. Exit donc les instrumentalisations toutes faites au clavier, ici vous n’avez que du vrai, et ça s’entend. Au programme : violon, violoncelle, guitare acoustique, accordéon, bouzouki (sorte de guitare grecque), vielle à roue, flûte, cornemuse, percussions, et quand même un petit clavier (ça peut servir), rien que ça ! Mais n’oublions pas les cœurs, avec une mezzo – soprano, un ténor et deux chanteuses lyriques. Bref, on ne se fout pas de votre gueule. Cette très abondante formation donne énormément de consistance à l’album et diffuse la richesse des idées au grès du vent musical sans aucun doute voulu par les musiciens. En effet, tel Lord Shades, ces petites touches restent dans l’ombre et ne prennent pas le dessus. La musique du groupe reste avant tout la musique de quatre zicos conventionnels et c’est avec plaisir que vous pourrez évoluer dans ce Black Death des plus cordiales.

Avec une prod’ exemplaire, un artwork magnifique (honnêtement le plus beau de l’année 2011), un effort de composition constant et une richesse de fond, Lord Shades réussi son pari d’amener sur le devant de la scène française un petit bijou musical. La brutalité n’est certes pas de mise si vous êtes fans d’extrême. Leur Black Death n’a rien de dépressif non plus. Les riffs ne sont pas d’une violence lacérée pas plus que la basse ultra groovy. Tout est simplement en place pour vous faire avancer dans le monde de Lord Shades. Un monde qui prend une dimension totalement différente en live. Pour avoir vu le groupe déjà deux fois, je peux vous affirmer que les morceaux tiennent également la route si vous décidez de vous taper dessus. Et pour ça il vous en faudra du courage, la plupart des sept pistes composants l’album fleurant les dix minutes au compteur. Les morceaux les plus courts sont plus directs mais l’accent ambiance / musique ne sera jamais perdu. Les interludes appuient l’ambiance du skeud comme le ferait Karl Sanders sur Nile et ce, peu importe la piste. L’auditeur ne peut qu’être transporté.

Bref, vous aurez compris que Lord Shades a signé ici un très bon album, qui va bien plus loin que son prédécesseur. Énormément riche au niveau de ses ambiances, samples, ou différents sons et différentes voix, je ne peux que conseiller à toute personne ayant lu cette chronique de s’accaparer l’album au plus vite. C’est le genre de groupe français, à mon avis, encore une fois trop sous-estimé. Prout