Metal Chroniques
Quand je me suis rendu compte que ma chronique commençait à prendre l’allure d’un roman, j’ai du me rendre à l’évidence : il y a énormément de choses à dire sur ce premier album de Lord Shades, tellement en fait que pour garder un texte d’une longueur appréciable je ne peux que vous conseiller d’aller sur le site Internet du groupe pour en savoir plus ; il est très bien fait, complet, et tout beau tout neuf après avoir subi un gros lifting à l’occasion de la sortie de cette première galette.Mais cela ne m’empêchera pas de procéder tout de même, mutatis mutandis, à une brève présentation du groupe et de l’objet : « The downfall of Fïre-Enmek » est donc le premier album de ce jeune groupe français, après une maquette ayant eu de bons retours en 2006. Et Lord Shades n’a pas fait les choses à moitié, puisqu’il s’agit là d’un « concept album », reposant sur une idée originale du groupe, inspirée notamment de la littérature fantastique médiévale. Pour faire court, le concept est basé sur le personnage de Lord Shades, guerrier trépassé dont le corps et l’esprit furent séparés. Ce dernier tentera de réunir les deux parties de son être, recherchant son enveloppe corporelle dont le seigneur de la terre maudite (Meldral-Nok) veut prendre possession afin de faire réincarner son lieutenant dans le but de conquérir la terre des Hommes (Fïre-Enmek). « The downfall of Fïre-Enmek » est donc une mise en musique de la quête de Lord Shades tentant de retrouver son intégrité afin de sauver sa terre de l’invasion du mal. Voilà pour le concept, auquel seront liés textes, compositions musicales, et esthétique du groupe, avec notamment un artwork très réussi qui colle parfaitement au contenu de l’album ainsi qu’un livret dans lequel on peut retrouver toutes les paroles, ce qui permet de suivre l’évolution du concept au gré des morceaux.
Comme vous pouvez le voir, le concept, même résumé grossièrement comme je viens de le faire, est intéressant et recherché. Mais le groupe ne s’arrête pas en si bon chemin, car si le concept est travaillé, la musique ne l’est pas moins. En effet, « The downfall of Fïre-Enmek » se compose de neuf morceaux de Death/Black Atmosphérique d’un niveau surprenant pour un premier essai. Le groupe propose des compositions longues aux structures complexes agrémentées d’arrangements très réussis, et n’a pas fait dans la facilité en faisant appel à toute une troupe de vrais musiciens pour assurer les divers instruments ; richesse et variété donc sont assurées, avec des instruments rarement utilisés dans ce style de musique (accordéon, didjeridoo, flûte, percussions, piano) mais extrêmement bien intégrés, ainsi que des samples divers donnant une dimension épique aux compositions. Pas moins de treize musiciens sont crédités, membres permanents compris !
L’ensemble est fort et cohérent, la qualité des morceaux constante, et le groupe arrive aisément à pondérer l’agressivité de sa musique avec des passages plus doux ou les divers instruments ont tout loisir de s’exprimer et de créer des ambiances, donnant au qualificatif « atmosphérique » (auquel je rajouterais même « progressif ») tout son sens. Mélodie et agressivité alternent ou se côtoient avec un savoir faire déconcertant pour un premier album. La production est très bonne (je tiens à rappeler qu’il s’agit d’une autoproduction, un facteur important à prendre en compte) puisqu’elle confère un son relativement puissant tout en restant clair, avec notamment une basse largement audible surtout dans des passages agréables où elle joue ses propres lignes sans se contenter de suivre la guitare. Les vocaux versatiles et puissants sont également l’une des forces de l’album : du growl guttural typiquement Death à un chant plus typé Black, les vocalistes remplissent leur travail à merveille. Et je rajouterais que le concept est d’autant plus convaincant qu’il est appuyé par de nombreux passages narrés, qui nous donnent l’occasion de saisir où en est le personnage dans sa quête.
Je ne peux que louer le travail du groupe qui a tout fait lui même, de la conception à la promotion, et dire un grand bravo à Olivier Perrin pour les arrangements, l’enregistrement et le mixage. Je m’avoue bluffé par la qualité de ce premier album et par la personnalité déjà bien marquée du groupe, notamment de son talentueux compositeur Alex. Bref, j’attends le second volet des aventures de Lord Shades avec impatience ! On sent vraiment un groupe motivé qui s’est donné à fond pour mener à bien son projet.
Finalement, il ne manque qu’une chose à Lord Shades, qui a d’ores et déjà entamé l’écriture du prochain album : une structure qui sera capable de soutenir le groupe et de promouvoir son talent. Pour conclure cette chronique, je n’aurais donc qu’une chose à dire : chapeau bas les gars, Alex, Fabien, Cyril, Nico et les autres, que ce premier album vous apporte la reconnaissance que vous méritez ! Sheol